Gene Hackman, est décédé à l’âge de 95 ans
D’après les nouvelles qui nous sont parvenues, il se serait suicidé, avec sa femme et son chien. C’est évidemment toujours un peu bizarre cette démarche, mais au fond on savait que Gene Hackman derrière son physique passe-partout était un personnage un peu extravagant. Pour ce qui nous concerne, il fut un acteur prolifique entre 1961 et 2004. C’était un très bon acteur, très naturel, il jouait parfaitement de sa haute taille et de son physique atypique. C’est en 1967 qu’il se fit réellement remarqué avec le succès mondial de Bonnie and Clyde, ce film qui en réhabilitant des criminels notoires, ouvrait la voie à une mode qui magnifiait les voyous, voir par exemple Butch Cassidy and Sundance Kid. Mais en réalité Gene Hackman devint un acteur incontournable dans le cinéma étatsunien des années soixante-dix. Cette nouvelle décennie apparait avec le recul comme une des plus riches d’Hollywood. Une nouvelle façon de filmer s’accompagnait de nouveaux acteurs – Al Pacino, Robert De Niro ou encore Robert Redford – et d’une approche tourmentée des problèmes de la société. Gene Hackman fut en quelque sorte le prophète de cette révolution. Inquiet sans doute, mais fort et viril !
Son rôle le plus marquant dans French Connection de William Friedkin en 1971
La gloire proprement dite, Gene Hackman la trouva dans le personnage de Popeye, le flic déjanté, mais obstiné de French Connection. C’était un film noir, mais pas tout à fait comme les autres, il était dans ce personnage un policier brutal et vicieux, un homme qui ne s’embarrassait pas des subtilités du code de procédure. Ce film fera école, mais contrairement aux imbécilités qui fleuriront sur ce segment, avec les films de Stallone ou de Charles Bronson, il restera à hauteur d’homme. Popeye n’avait pas la nécessité de tuer beaucoup de monde, ni celle de mettre en avant ses pectoraux. C’était bien plus efficace et moins niais. Popeye était un perdant avant tout. En 1973 et 1974, on le retrouvera coup sur coup dans deux Palmes d’or au Festival de Cannes. Le premier, The Scarecrow, était une histoire de vagabonds, totalement paumés, déjantés qui ne savent pas quoi faire de leur peau. Ils deviendront amis, iront ensemble en prison et seule la mort les séparera. Ce beau film avec un petit budget, tourné dans des décors naturels mettait en scène une Amérique déjà décadente. Il donnait la réplique à Al Pacino qui lui aussi était en plein boom, grâce à l’exceptionnel succès de The Godfather.
The Scarecrow de Jerry Schatzberg en 1973
Ensuite, en 1974, il y eut The Conversation, qui permit à Francis Ford Coppola d’obtenir une première Palme d’or. Gene Hackman incarnait le paranoïaque Harry Caul, un espion de haut vol qui travaille en solitaire et qui utilise des technologies modernes pour ses missions. Il donnait alors une autre image que celle d’un irascible compulsif, une sorte de bureaucrate inquiet et besoigneux. Ce film mettait en scène, peut-être pour la première fois un usage liberticide du progrès technique dans le contrôle des populations. Ce film difficile ne rencontra pas succès populaire, mais pour ceux qui l’ont vu, il reste dans les mémoires. Par la suite Gene Hackman qui se sentait étranger à Hollywood, a géré sa propre image, construisant une fortune avec des films assez peu marquants. De temps en temps il y avait encore quelques étincelles, mais la flamme n’était plus là, sans qu’on puisse dire que le reste de sa carrière puisse être déshonorant. On l’a vu même dans quelques films à la gloire des Marines. Cela devait lui rappeler sa jeunesse quand il s’était engagé lui-même dans la guerre à l’âge de 16 ans !
The Conversation de
Francis Ford Coppola en 1974
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