Le suspect, The suspect, Robert Siodmak, 1944
Le film est très en deçà de ce qu'on peut attendre du Robert Siodmak de cette période qui livre une grande quantité de chefs-d'œuvre du film noir. L’idée de départ est pourtant bonne : un homme d’âge mûr, bon et patient, en a assez de supporter son épouse, une mégère irritante et méchante. Ayant rencontré une jeune femme très charmante, il en tombe amoureux et ses sentiments sont partagés. Pourtant il serait prêt çà renoncer si son épouse ne se montrait pas désireuse de se venger de la jeune femme. Il va donc la tuer, camouflant ce meurtre en un accident domestique, une chute dans l’escalier. Dès lors il peut se remarier et vivre enfin sa vie. Seulement voilà un inspecteur de Scotland Yard va chercher à la piéger, et il y arrivera. Cette trame en vaut une autre, elle critique de manière violente les conventions du mariage. Mais ce sont les invraisemblances qui plombent l’histoire : il y a trop de coïncidences faciles pour arriver à faire tenir le scénario débout. A commencer par le fait que le malin inspecteur soupçonne trop facilement notre héros d’avoir aussi tué son voisin qui le faisait chanter à l’instigation de l’inspecteur. De même l’image de Londres, envahie d’une brume malsaine, ressort d’une imagerie simpliste, sans parler des décors de carton-pâte.
En réalité le défaut rédhibitoire du film est qu’il tire à hue et à dia. C’est d’un côté une critique acerbe du mariage, notamment avec l’image de la triste de vie de la voisine, mais en même temps, notre héros va s’y retrouver avec félicité lors de son second mariage. C’est d’un côté le portrait d’un assassin d’occasion qui ne ferait pas de mal à une mouche, mais c’est aussi l’enquête d’un subtil inspecteur de Scotland Yard. La fin est vraiment très convenue et pesante.
Ella Raine sur le tournage de The suspect entourée d’une partie de l’équipe
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