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Affichage des articles du janvier, 2025

André Héléna, Hold-up, E.Vinay Editeur 1953

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  De temps en temps   quand je n’ai plus rien à lire, je me replonge dans l’œuvre d’André Héléna, un grand talent, souvent gâché par son incapacité à gérer sa carrière, trop occupé à faire les bistrots des Halles où il habitait, et à papoter de tout et de rien avec la faune des lieux. Bien sûr tout n’est pas bon dans ce qu’il a publié, mais il y a du très bon. Sans doute un des sommets de sa carrière c’est la série publiée chez Vilnay intitulée Les compagnons du destin. Cette série n’a été rééditée qu’une fois, chez Fanval par les excellents Bayon, Casoar et Evrard vers la fin des années quatre-vingts. C’est un panorama de la pègre parisienne, façon Pigalle, ses putes et ses marlous. Détaillé comme des petits métiers, elle dresse le portrait d’une délinquance qui vient de la misère, de la Guerre d’Espagne ou de la Résistance. Hold-up est le dixième et dernier de la série. Comme le titre l’indique, c’est l’histoire d’un hold-up qui tourne mal. Ortega et sa bande ont décidé d’...

La peur au ventre, I Died a Thousand Times, Stuart Heisler, 1955

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C’est le remake direct de  High Sierra,  film tourné en 1941 et qui permit à Humphrey Bogart de devenir la grande vedette que l’on sait. Le scénario est de Willam R. Burnett qui est un des maîtres du roman noir.  High Sierra,  le roman, a donné naissance à trois films. Le premier en 1941, tourné par Raoul Walch, le second date de 1949 et toujours signé par Walsh il devient une sorte de Western avec Joel McCrea et Virginia Mayo. C’est l’histoire d’un bandit vieillissant, au grand cœur, Roy Earle, qui sort de prison grâce à Big Mac. Jack Palance est Roy Earle. Pour remercier celui-ci il s’engage à faire un dernier casse qui doit le mettre à l’abri. Bien sûr le destin se met en travers de sa route. C’est d’abord cette jeune fille au pied bot dont il va tomber amoureux, mais c’est ensuite le chien au mauvais œil qui ne le lâche pas d’une semelle. En outre, il fait équipe avec deux gangsters à la mie de pain, incarnés ici par Lee Marvin et Earl Holliman. Bien sûr le hold-...

The Phenix city story, 1955, Phil Karlson

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    Phil Karlson est un réalisateur très sous-estimé. Si toute sa carrière n’est pas remarquable, il a par contre laissé une trace intéressante dans le domaine du film noir :  Le Quatrième homme, Tight spot  et bien sûr  The Phenix city story.  Ce dernier titre, peu connu, semble être son chef d’œuvre. Le film s’inspire de faits réels, l’assassinat de l’homme de loi Albert Patterson. Ce rapport au réel est revendiqué, et à priori il faut se méfier de ce genre d’effet d’annonce.  The Phenix City Story  s’inscrit dans la double veine du film noir documentaire et du film noir où la ville est un personnage à part entière. Le thème est celui de la corruption : comment une ville peut-elle se débarrasser de la domination d’un gang qui dans la foulée promeut le vice à tous les niveaux. On connait cela depuis au moins  La moisson rouge  de Dashiell Hammett. Phenix est à cette époque une petite ville de garnison et cette affluence de sol...

The crime of passion, 1957, Gerd Oswald

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C’est un film noir bien curieux puisqu’en effet, s’il y a un crime et de la passion, le principal du propos c’est l’ennui et la pauvreté du mode de vie américain. Kathy Ferguson est une journaliste un rien vieillissante qui connait beaucoup de succès dans son métier. Elle tient une rubrique pour les cœurs brisés et autres âmes en détresse. Presque par hasard, elle va rencontrer un policier de Los Angeles, Bill Doyle dont elle va tomber amoureuse. Lui aussi a déjà pas mal roulé sa bosse. Kathy a le choix entre le mariage avec Doyle et une promotion à New-York.   Dans le premier cas elle aura une vie tranquille et sans relief, dans le second elle continuera à coruir après les mirages de la gloire. Pensant pouvoir se consacrer à son mari et vivre auprès de lui la même médiocrité, elle choisit le mariage. Mais rapidement elle ne supporte plus ni son mari, ni les amis de son mari et encore moins leurs femmes. Désoeuvrée, elle imagine assuré la promotion rapide de son mari en intrigant a...

La privé, The long goodbye, 1973, Robert Altman

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  Robert Altman a eu une carrière en dents de scie. Très inégale, sa filmographie n’aborde guère le genre « noir ».   Le privé   intervient juste avant sa grande réussite,   Nous sommes tous des voleurs.   Adapté du roman de Raymond Chandler   The long good-bye , il est transposé dans les années soixante-dix. Le détective privé Philip Marlowe aide son ami Terry Lennox à fuir au Mexique. Ce dernier est soupçonné d’avoir tué sa femme. Après quelques ennuis avec la police, Marlowe se trouve engagé par la femme d'un écrivain célèbre pour le retrouver. Bientôt Marlowe va s’apercevoir que les deux affaires sont liées. Ce film, assez méconnu en France, bénéficie, de l’autre côté de l’Atlantique, d’une très bonne opinion, certains critiques américains le désignant comme l’un des meilleurs Altman. J’aime bien l’Altman des années soixante-dix, mais je trouve que  The long goodbye  est raté. Peut-être ai-je ce sentiment parce que je connais bien le...

Intrigues en Orient, Background to Danger, Raoul Walsh, 1943

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Très souvent on juge un film avant de le voir en fonction de son affiche. Donc on se dit qu’avec une telle affiche,  Intrigues en Orient  devrait être intéressant. En effet, on a un réalisateur réputé, l’histoire est basée sur un ouvrage d’Eric Ambler, Burnett et Faulkner ont participé au scénario. Egalement la distribution parait intéressante : le couple Peter Lorre, Syndney Greenstreet, George Raft et des Femmes de grande beauté, Brenda Marshal, Osa Massen. Et pourtant à l’arrivée c’est un film médiocre et sans intérêt.     Entre la Syrie et la Turquie, un agent des services d’espionnage américains, va tenter de mettre la main sur des documents falsifiés que les Allemands veulent publier en soudoyant un homme d’affaires turc, de façon à mettre en cause l’Union soviétique et faire en sorte que la Turquie devienne son alliée. S’ensuit une course au document entre les services américains, allemands et soviétiques. L’Américain va gagner bien entendu. Si l’histoire...

La dame du lac, Lady in the Lake, Robert Montgomery, 1947

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Raymond Chandler est, avec Dashiell Hammett un de ceux qui ont amené le roman noir vers une sorte de perfection. S’il n’a pas écrit beaucoup de romans, on en compte huit,  le dernier est inachevé, il a été une référence pour de nombreux romanciers qui l’ont suivi, de Ross McDonald à James Ellroy, en passant par Dolores Hitchens et Michael Connelly. C’est lui qui a transformé le personnage du détective privé en une sorte de chevalier moderne qui a avant tout une éthique. En même temps, il a donné au roman  noir californien ses lettres de noblesse. Le détective Philip Marlowe est embauché par Adrienne Fromsett pour retrouver la femme disparue de son patron dont elle paraît secrètement amoureuse. Elle semble avoir disparu avec une sorte de gigolo qui va être retrouvé peu après assassiné. L’affaire devient rapidement compliquée et Marlowe se heurte aux policiers de Bay City qui n’apprécient guère qu’on vienne marcher sur leurs plates-bandes. En même temps, Adrienne Fromsett semble...

La femme à abattre, The enforcer, Raoul Walsh, Bretaigne Windust, 1951

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C’est un des films les plus célèbres d’Humphrey Bogart. Commencé par l’obscur Bretaigne Windust, il a été terminé par Raoul Walsh sans qu’on sache de façon précise quelle est la part de l’un et de l’autre. Il semble cependant que ce soit plutôt un film de Raoul Walsh. Le film possède une trame très simple : le procureur Ferguson cherche à faire condamner Mendoza le chef d’une bande de tueur qui réalise des crimes à la demande. Pour cela il compte sur un témoin qui, effrayé par la cruauté de Mendoza, va tomber par la fenêtre pour éviter d’avoir à témoigner. Cette mort prive Ferguson de son témoin clé. Il sent que le procès lui échappe. Revoyant son dossier, il va finalement découvrir une femme qui peut témoigner contre Mendoza.   C’est un film qui se préoccupe de la criminalité vue du côté de la justice. C’est pour cela que certains, comme Noël Simsolo, ne le considèrent pas comme un film noir. Mais techniquement c’est bien un film noir. Les jeux d’ombre et de lumière, l’import...

Le grand sommeil, The big sleep, Howard Hawks, 1946

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Il est toujours très bon de revisiter les classiques, parfois on a de mauvaises surprises, d’autrefois, non.  The big sleep  est l’archétype du film de détective, peut-être plus encore que  Le faucon maltais  tourné avec le même Bogart. Beaucoup de choses ont été dites sur ce film, notamment que l’histoire est incompréhensible, ce qui est faux. Mais le plus important est sans doute qu’il s’agit d’une adaptation assez fidèle de l’ouvrage de Raymond Chandler. Certes on peut discuter du choix d’Humphrey Bogart à l’infini, Chandler lui aurait préféré Cary Grant, beaucoup ont pensé que le meilleur Marlowe aurait été Robert Mitchum. Ce dernier l’incarna d’ailleurs deux fois, mais à vrai dire, malgré les grandes qualités de l’acteur, sans résultat très convaincant, probablement parce qu’il était trop âgé. Marlowe a connut un grand nombre d’interprètes, de Dick Powell à Mitchum en passant par Robert Montgomery, c’est pourtant Bogart qui reste le meilleur, comme pour Sam Spad...

Le suspect, The suspect, Robert Siodmak, 1944

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  Le film est très en deçà de ce qu'on peut attendre du Robert Siodmak de cette période qui livre une grande quantité de chefs-d'œuvre du film noir. L’idée de départ est pourtant bonne : un homme d’âge mûr, bon et patient, en a assez de supporter son épouse, une mégère irritante et méchante. Ayant rencontré une jeune femme très charmante, il en tombe amoureux et ses sentiments sont partagés. Pourtant il serait prêt çà renoncer si son épouse ne se montrait pas désireuse de se venger de la jeune femme. Il va donc la tuer, camouflant ce meurtre en un accident domestique, une chute dans l’escalier. Dès lors il peut se remarier et vivre enfin sa vie. Seulement voilà un inspecteur de Scotland Yard va chercher à la piéger, et il y arrivera. Cette trame en vaut une autre, elle critique de manière violente les conventions du mariage. Mais ce sont les invraisemblances qui plombent l’histoire : il y a trop de coïncidences faciles pour arriver à faire tenir le scénario débout. A comm...